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La terre

Est-ce vraiment nécessaire d’être propriétaire de la terre pour la cultiver ?  En matière foncière, la propriété privée exclusive est une notion relativement récente ; au temps des Romains et durant tout le Moyen-Âge, le droit d’usage permettait aux paysans de subvenir à leurs besoins. Mais la naissance du capitalisme moderne au 18ème siècle s’est accompagnée de ce qu’on a appelé « les enclosures », c’est-à-dire la privatisation de la terre au profit des classes dominantes. Alors faut-il croire la Déclaration des droits de l’homme qui institue la propriété comme un droit fondamental ou bien faut-il écouter Pierre-Joseph Proudhon qui a écrit « la propriété c’est le vol » ?

L'habitat

Tous propriétaires, un slogan politique de Nicolas Sarkosy qui m’avait mis tellement en colère. Au prétexte de promouvoir l’accession à la propriété et la constitution d’un patrimoine pour tous, cache une réalité bien bien plus noire : étalement urbain, endettement à très long terme, emprise des banques, appauvrissement des ménages, construction au rabais etc. Pour autant, le statut de locataire est-il plus enviable, notamment pour les ménages modestes confrontés au mal logement où à l’assignation à résidence dans les quartiers sociaux ? Et si les coopératives d’habitants constituaient une alternative en permettant d’être collectivement propriétaires et individuellement locataire ?

Le travail

Est-on propriétaire de son travail, peut-on être co-propriétaire de son entreprise, le lien de « subordination » qui caractérise le statut de salarié n’implique t-il pas un abandon de souveraineté vis-à-vis de son employeur ? D’un autre côté le statut de travailleur indépendant est-il vraiment un gage d’autonomie et d’émancipation ? Les statuts coopératifs (SCOP, SCIC…) montrent qu’il est possible d’être en même temps individuellement salarié et collectivement « patron ». Mais faut-il pour autant accepter de « s’auto-exploiter » ou se résoudre à ne pas devenir millionnaire ? Et si la vraie richesse n’était pas économique, mais sociale, éthique, environnementale  ? 

Les idées

C’est sans doute les idées et la connaissance qui sont aujourd’hui l’enjeu d’une volonté d’appropriation exclusive de la part des tenants du capitalisme libéral. Au delà de la question des droits d’auteurs dont la nécessaire réglementation favorise cependant des dérives, c’est surtout la notion de « propriété intellectuelle » qui concentre tous les abus. Les droits des marques, des brevets, d’édition sont en effet de plus en plus le prétexte légal de confiscation de pans entiers du patrimoine commun de l’humanité. Alors faut-il mettre la connaissance en commun grâce aux licences libres ?  Mais le véritable enjeu n’est-il pas de lutter contre la privatisation des idées par les entreprises ?

Autres enclosures

Peut-on privatiser le nom d’un village, un paysage, un espace public ? Ou encore la ressource en eau et peut-être demain l’air que nous respirons ? L’exemple du village de Laguiole dont les couteliers artisanaux n’avaient plus le droit d’utiliser le nom au prétexte qu’une entreprise avec déposé la marque Laguiole à l’INPI ne constitue qu’un des innombrables exemples de détournement du droit de la propriété intellectuelle. Et pourtant la puissance publique n’est pas forcément plus vertueuse, comme le montrent les exemples d’aménagement urbain réalisés sans le consentement des habitants ou encore la façon dont la publicité privée colonise l’espace public.

Les communs

Les communs sont des ressources partagées, gérées et maintenues collectivement par une communauté ; celle-ci établit des règles dans le but de préserver et pérenniser ces ressources tout en fournissant aux membres de cette communauté la possibilité et le droit de les utiliser, voire, si la communauté le décide, en octroyant ce droit à tous. Ces ressources peuvent être naturelles, matérielles ou immatérielles.
Les communs impliquent que la propriété n’est pas conçue comme une appropriation ou une privatisation mais comme un usage. Hors de la propriété publique et de la propriété privée, les communs forment une troisième voie décrite par Elinor Ostrom.